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Nous avons les résultats complets du concert-test à Bercy !

Par Alban Sauty

Souvenez-vous, c'était en mai dernier, toutes les salles étaient alors fermées, aucun concert, aucun set en club...mais une lueur d'espoir avec l'étude SPRING (concert-test) qui pouvait nous permettre de recommencer à faire la fête dès cet automne. Après plusieurs mois d'attente, alors que les concerts ont repris mais que la pandémie regagne du terrain nous sommes en possession des résultats complets de l'étude. Présentation complète du rapport de The Lancet.


En juillet, nous avions obtenu des premiers résultats sur cette étude menée au mois de mai mais cette fois nous pouvons présenter les résultats complets. Une initiative nécessaire alors que les nouveaux variants menacent (encore) la vie culturelle.



SPRING : une étude à grande échelle pour faire la fête (presque) comme avant


L’objectif de cette étude randomisée était d’évaluer si un protocole sanitaire incluant un test antigénique dans les 3 jours précédant l’évènement, le port du masque chirurgical et une ventilation optimisée permettait de contrôler le taux d’infection chez des personnes participants à un rassemblement de grande ampleur dans une salle fermée sans distanciation physique.

Méthodologie


Pour tester cette hypothèse, après avoir passé une visite pour vérifier qu'elles correspondaient bien aux critères nécessaires pour participer à l'étude (photo ci-dessous), 6 678 personnes ont été randomisées dans deux groupes : 4 451 dans le groupe expérimental participant au concert et 2 227 dans le groupe contrôle ne participant pas au concert.



Les artistes et membres de l'organisation ont été testés avant le concert mais ne l'ont pas été à posteriori car ils ne prenaient pas part en à l'étude en tant que sujet de celle-ci.



L'âge médian des participants à l'étude, principalement de sexe féminin (58%), était de 28 ans. 88% (3 917) des participants du groupe expérimental et 87% (1 947) des participants de groupe contrôle se sont conformés aux obligations du protocole (c’est à dire des prélèvements salivaires à J+7 après le concert envoyés et analysables pour les 2 groupes et être venues au concert pour le groupe expérimental).



Le critère de jugement principal de l'étude était le nombre de participants avec une RT-PCR SARS-CoV-2 positive dans la salive 7 jours après le concert. Ce dernier se déroulait à l'Accor Arena, le 29 mai 2021. A noter qu'a cette date, le port du masque était obligatoire à l'extérieur et à l'intérieur et un couvre-feu était imposé à 21h00. A l'affiche de cet évènement inédit d'une durée de 4h, on retrouvait Étienne De Crécy Étienne De Crécy ainsi que le groupe Indochine.

Déroulement de l'étude le jour du concert


Après avoir présenté leur test négatif, tous les participants ont reçu un masque médical, dont le port était obligatoire pendant toute la durée de l'événement (sauf pour boire), et une désinfection hydroalcoolique des mains était exigée.



La ventilation de la salle avait été initiée 3h avant l'évènement et était assurée par huit centrales de traitement d'air fonctionnant avec 100% d'air extérieur, sans air recyclé. Cinq caméras disposées à divers endroits dans la salle analysaient si le masque était bien porté ou non

Résultats


Le nombre de participants ayant une PCR SARS-CoV-2 positive sur la salive 7 jours après l’évènement était de 8 parmi les 3 917 participants dans le groupe expérimental comparé à 3 parmi les 1 947 participants du groupe contrôle confirmant le critère de non infériorité.

Parmi les 14 participants ayant une PCR SARS-CoV-2 positive le jour du concert et un échantillon disponible au jour 7, 8 étaient négatifs au jour 7, ce qui suggère qu'ils étaient à un stade tardif de l'infection.



5 des 8 participants dont la RT-PCR était positive au jour 7 l'étaient déjà au jour du concert, excluant ainsi leur contamination pendant celui-ci. Toutefois, les valeurs seuils des cycles diminuant entre le jour 0 et le jour 7, elles suggèrent que ces participants étaient au début de l'infection avec un risque potentiel de transmission aux autres personnes pendant le concert

Après l'événement, 6 participants ont signalé de légers symptômes évocateurs de COVID-19 (quatre participants au concert et deux non participants) soit un taux d'incidence de 0,13% similaire à celui de la population de référence basé sur les registres de santé publique. Aucun participant dont la salive était positive à la RT-PCR n'a dû être hospitalisé.



Limites de l'étude


Les auteurs de l'étude reconnaissent qu'elle connaît plusieurs limites notamment le fait que la recherche d'antigènes dans les trois jours précédant le rassemblement pourrait ne pas suffire à prévenir la transmission pendant le concert d'où la nécessité de réaliser d'autres études sur les mesures préventives lors de grands rassemblements, qui tiennent compte des variants émergents hautement transmissibles. Par ailleurs, du fait des critères initiaux, l'étude portait sur gens en bonne santé et donc assez logiquement les résultats pourraient être différents pour une autre population.



Enfin, la mise en oeuvre des tests rapides antigénique est un problème logistique important ce qui la rend inapplicable pour les événements plus importants. En outre, les masques N95 distribués lors de l'étude sont généralement réservés à un usage professionnel, et pourraient être inconfortables et portés de manière inappropriée par le grand public, en particulier sur des périodes prolongées et pendant les concerts.

Conclusion


L'étude SPRING (Study on Prevention of SARS-CoV-2 Transmission at a Large Indoor Gathering) conclut que la participation à un grand rassemblement en intérieur à pleine capacité et sans distanciation physique n’est pas associée à un sur-risque de transmission du SARS-CoV-2 à condition que des interventions de prévention soit mis en œuvre.



Aussi, jusqu'à ce que l'immunité collective soit atteinte et dans un contexte de faible circulation du SRAS-CoV-2, il est possible d'envisager la reprise des activités culturelles en appliquant les adaptations du protocole sanitaire (dépistage au préalable et ventilation optimisée). Par ailleurs, dans le cas de circulation de variants hautement transmissibles, dont la période d'incubation est plus courte, le port du masque doit être maintenu.

Retrouvez l'étude complète sur le site de The Lancet.

Ndlr : Par souci de transparence, nous vous informons que plusieurs rédacteurs de Clubbinghouse.com ont participé à cette étude


Crédit Photo : The Lancet / Alexis Duvauchelle / Accor Arena
Alban Sauty Article rédigé par Alban Sauty
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